Le rôle des projections démographiques dans le pilotage du régime

L’INSEE a publié fin novembre 2021 de nouvelles projections de population à horizon 2070. Cette actualisation effectuée environ tous les 5 ans est une ressource clé dans le pilotage du régime de retraite complémentaire Agirc-Arrco. Des projections financières issues de ces données sont effectuées par l’Agirc‑Arrco pour s’assurer de la stabilité financière future du régime.

Les projections de population française de l’INSEE sont établies en prolongeant les tendances démographiques récentes. Cela donne lieu à une projection appelée « scénario central ». L’INSEE formule également des hypothèses hautes et basses encadrant ce scénario selon trois paramètres : la fécondité, la mortalité et le solde migratoire. Dans le scénario central, la population française s’établirait à 68,1 millions en 2070, soit 700 000 personnes de plus qu’en 2021. Le solde naturel serait négatif dès 2035, c’est-à-dire qu’il y aurait moins de naissances que de décès, mais cette situation serait compensée dans un premier temps par un solde migratoire positif. Cependant, à partir de 2044, la population diminuerait car les décès seraient supérieurs à la somme des naissances et du solde migratoire. Par rapport aux précédentes projections, la progression de l’espérance de vie à la naissance a été revue à la baisse (-2,6 ans pour les hommes et -3 ans pour les femmes en 2070) ainsi que l’indice conjoncturel de fécondité (1,8 enfant par femme contre 1,95 auparavant), ce qui engendre une réduction des effectifs de la population totale.

Des projections financières précises

L’Agirc-Arrco utilise ces tendances précieuses fournies par l’INSEE sur le long terme pour la réalisation de projections financières. Les évolutions de la population française sur la tranche des 15-64 ans influent notamment sur les hypothèses de population active et de cotisants. À horizon 2040, les projections du régime se fondent sur les cibles déterminées par le Conseil d’orientation des retraites (COR) construites à partir des projections de l’INSEE.

Cette actualisation des projections démographiques de l’INSEE sur la population française a plusieurs conséquences sur un régime de retraite complémentaire comme l’Agirc-Arrco. D’une part, la réduction du nombre de naissances engendre une baisse du nombre de cotisants et donc une baisse des ressources du régime. Néanmoins, cet effet n’est vraiment significatif qu’après 2040, c’est-à-dire au-delà de l’horizon de décision des partenaires sociaux qui s’étend sur les 15 prochaines années. D’autre part, la réduction des gains d’espérance de vie dans le scénario central engendre une diminution de la durée de retraite et donc des effectifs de retraités par rapport à l’ancien scénario. Cela se traduit par une progression moins dynamique de la masse des allocations versées aux assurés et donc une amélioration de la situation financière du régime. Ce changement d’hypothèse permettrait au régime d’augmenter ses réserves de 20 points supplémentaires à horizon 2040, soit une augmentation substantielle, l’effet étant croissant au fil des années.

Consultez les autres articles publiés dans les les Cahiers de la Retraite complémentaire n°44 .